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Article de presse mise en ligne le 10 juillet 2004 du Mensuel Burkinabè
"L'Evénement"
paru dans sa rubrique Bouillon de culture et écrit par Ludovic O. Kibora
Samedi soir à Ouagadougou.
Quelque part aux abords de l'avenue Charles De Gaulle,
des sonorités tantôt suaves, tantôt stridentes d'une guitare solo créent un attroupement inhabituel
devant un banal maquis. Ce coin de rue est squatté par de jeunes et talentueux musiciens
dont regorgent les quartiers Zogona, Wemtenga. Ils s'amusent en donnant du plaisir aux badauds et
autres week-endiers. Cette guitare qui arrachait des applaudissements au public ce soir-là
était domptée par la silhouette frêle de celui que tous les mélomanes connaissent
sous le pseudonyme de
Bebey ou Prince Bissongo. Son histoire, la voici !
Dans la ferveur culturelle consécutive au déclenchement de la Révolution d'Août, des ensembles musicaux furent créés partout sur le territoire national afin de soutenir l'action des Capitaines et contribuer par là-même, à l'éclosion d'une culture nationale. Pendant que les Petits chanteurs aux poings levés faisaient la joie des Ouagalais, à Bobo naissait la Voix des Pionniers.
Le jeune Saïbou Ouédraogo, qui est vite intégré dans ce groupe, allait du haut de ses 13 ans à l'époque, émerveiller le public par ses prouesses musicales. A la différence de ses petits camarades qui, pour la plupart, faisaient leur initiation aux différents instruments, lui avait eu la chance d'apprendre à pianoter sur l'orgue de l'orchestre de papa, grâce à la sympathie des compagnons musiciens du paternel. Il n'avait alors que quatre ans. Des claviers aux cordes, il n' y a qu'une coudée que Prince Bissongo a vite fait de franchir. Depuis, plus qu'un instrument de musique, la guitare sera pour lui un outil de travail.
Après un bref passage à l'université de Ouagadougou, au début des années 90, Bebey va plus ou moins consacrer définitivement sa vie à la musique. Au clavier ou à la guitare, il offre ses services à une pléiade d'artistes nationaux et internationaux.
Pouvait-il en être autrement lorsqu'on est le fils de celui que le Faso entier connaît sous le pseudonyme d'"Empereur Bissongo" ? Celui qui après avoir fait danser les foules des années 70 et 80 avec l'Orchestre "Les léopards" du camp militaire de Bobo a continué à ravir des trophées en musique moderne lors des compétitions nationales, après sa retraite de l'armée.
Prince Bissongo, est donc né avec la chose. C'est pourquoi, durant son cursus scolaire et universitaire, ce virtuose de la guitare solo, laisse des marques indélébiles sur son passage. L'orchestre du lycée Diaba Lompo à Fada, " Wakabana " au Niger, Orchestre de l'Université de Ouaga, Blues Train, Benda Band… Partout, il joue les meneurs. A 33 ans, ce jeune homme sympa, après avoir roulé sa bosse au Burkina Faso, au Niger, en Belgique, en Suisse, a décidé de diluer la quintessence de son talent de musicien dans une première œuvre individuelle de 12 titres. Il compose, écrit et arrange la plupart de ses chansons qu'il a enregistrées entre 2000 et 2004 à Bruxelles et à Bobo
Bebey est conscient que même si le talent est inné, seul le travail permet de le pérenniser. C'est à force de labeur avec les potes ou lors de stages de formations à Ouaga, Bruxelles et Genève, qu'il s'ouvre la porte de la cour des grands. Primé meilleur instrumentiste lors de la Semaine nationale de la Culture (SNC) édition 1998, Bebey bénéficiera d'une bourse d'études pour la Belgique.
Très vite, le Stagiaire "des Lundis d'Hortense", rendez-vous bien connus des meilleurs jazzmen d'Europe, sera sollicité pour donner des cours lors des éditions suivantes. L'élève devient le maître. Un premier CD sort discrètement en 2000, et le travail se poursuit
Musicien à la forte personnalité, ses rapports souvent tumultueux avec ses précédents groupes, l'ont instruit d'entamer une carrière solo. L'opus Songes en est le premier fruit. Inscrit au Bureau burkinabè des droits d'auteur (BBDA) depuis l'âge de 17 ans, Bebey dont les tubes sont surtout connus du grand public grâce aux compilations "Les étoiles du Burkina" (1998), Sida Ka Taa N°2 (2002) déclare détenir un répertoire d'une quarantaine d'œuvres.
En mooré, dioula, français, anglais… le talent de Bebey ne se mesure pas seulement à sa capacité à produire un mélange linguistique bien coordonné dans ses chansons, mais surtout à cette maestria qui lui permet de concocter un plat de mélodies aux saveurs diverses. Alors, l'amoureux du Wiire et du jazz-rock peut trouver son compte dans un seul morceau. Ecoutez plutôt Namaneg ! Les rythmes dioula, moaaga et gourmantché qui ont accompagné les étapes de sa vie sont appelés à contribution pour entretenir un flirt réussi avec des sonorités modernes sur fond de jazz, blues et rock.
On s'étonne surtout de constater que depuis sa prestation à National Show de la Télévision Nationale du Burkina avec le Benda Band, les Burkinabè ont dû attendre des années avant d'apercevoir Bebey sur leurs petits écrans à travers le clip de Manou. Tout comme si Prince Bissongo s'était mis en veilleuse (en hibernation ?). La raison serait la disparition de sa mère suivie de celle de son ami, le grand violoniste belge, Jean-Pierre Catoul, décédé en décembre 2000, à la suite d'un accident de la route. Bebey traversera alors une période difficile. Catoul qui avait joint son talent à cette cuisine qui devait donner naissance à l'album " Songes " est parti trop tôt laissant un grand vide autour de l'artiste. Le port du deuil durera quatre longues années. Bebey, tel le phœnix de la mythologie, se régénère. Aujourd'hui, il a assez de punch pour mettre dans les bacs à disque, son premier bébé. En créant le " Lolo Band ", Bebey Bissongo compte briller au gouvernail de son propre bateau, dans un Faso sous l'emprise des sonorités nouvelles. Il s'accroche à la modernité tout en faisant un clin d'œil réussi au terroir des ancêtres.
Avec "Songes", Bebey vient de signer un coup de maître. Sacré gus !
Ceux qui ont connu Bebey, Prince Bissongo, interprète des plus grands guitaristes du monde,
apprécieront à coup sûr Bebey le créateur d'un son nouveau.
Avec Ahmed, Papa, Karim, Sébastien, Madéni
il a donné le 29 juin dernier,
aux habitués du Café concert du CCF-GM (Centre culturel français Georges Méliès)
un avant goût explosif de cet album qui sortira officiellement dans les jours à venir