Bebey Prince Bissongo

Cool Link

Bouillon de Culture
article de Presse 2004 sur Bebey
écrit par Ludovic O. Kibora
paru dans l'Evénement
Journal Mensuel Burkinabè

Fan Club Free Music et
Dates des Concerts


Page de liens sur le
Burkina Faso

Mahama Konaté
et Les Farafina Lili

Masques Africains
Bebey Prince Bissongo

Entretien avec un artiste qui se définit comme étant “en phase de recherche”.
Interview réalisée par Alpha YAYA du Journal Burkina bè "L'Opinion"

Tel père, tel fils” dit l’adage. Ouédraogo Saïbou Bebey a fait sienne cette assertion, en optant pour une carrière musicale, lui dont le père, L’Empereur Bissongo, aura marqué l’esprit de bon nombre de mélomanes burkinabè.

“Tombé” en musique dès sa naissance, Bebey a depuis poursuivi l’apprentissage des son “art-culte” d’abord avec son père, ensuite avec différents orchestres tels “La Voix des pionniers” sous la Révolution, l’orchestre de Youssouf Compaoré, puis le “Benda Band” dont il était le créateur avec Etienne Compaoré (Eti percu Suka) et le lead-vocal et, enfin, en solitaire après l’éclatement de ce groupe.

Partageant son temps entre l’Europe, où il donne des concerts et des cours de musique, et le Burkina, où il vient se ressourcer et rechercher une reconnaissance nationale, nous l’avons “épinglé” à la faveur du festival Jazz à Ouaga pour qu’il nous éclaire davantage sur son itinéraire musical.

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs
et nous donner votre itinéraire musical ?

Je suis connu à l’état civil sous le nom de Ouédraogo Saïbou, né en 1971 à Bobo-Dioulasso de l’Empereur Bissongo que bon nombre de mélomanes connaissent, ce qui me vaut d’ailleurs le surnom de Prince Bissongo dans le milieu musical.

Fils de musicien, j’ai donc baigné très tôt dans l’univers musical. C’est ainsi que j’ai commencé à “caresser” la guitare dès l’âge de cinq ans sous l’œil vigilant de mon père. Puis, dans les années 1980, avec l’avènement de la Révolution, il y a eu des orchestres d’enfants qui ont été créés à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso et j’ai été sélectionné dans celui de Bobo-Dioulasso qui s’appelait “Voix des pionniers” dans lequel j’étais guitariste, claviériste et chanteur. Depuis lors, j’ai mené de concert musique et études. J’ai ensuite fait une “ excursion “ à Niamey dans le but, toujours, de me perfectionner et j’y ai monté un groupe qui s’appelait “Wakabana”. Par la suite, je suis revenu à Ouagadougou et j’ai fait des “bœufs” (animation dans les bars dancings) avec la majeure partie des “pointures” musicales nationales.

Le souci de la revalorisation de notre culture m’a amené, par la suite, à créer avec Etienne Compaoré un groupe qui s’appelait le “Benda Band” qui, comme son nom l’indique, emprunte beaucoup à nos instruments de musique traditionnels dans le cadre de ses créations musicales. Le groupe a fait son chemin, en remportant le Grand Prix de la chanson moderne burkinabè dans la catégorie orchestre avant de disparaître, miné par des querelles intestines.

Depuis, j’évolue en solo et je mène ma carrière entre recherche et stages dispensés à des élèves en Europe.

Quels sont les instruments de musique
que vous affectionnez particulièrement ?

Comme j’ai eu à le dire, dès mon admission au sein de “La Voix des Pionniers”, j’ai eu à “ toucher “ à plusieurs instruments (clavier, guitare). Par la suite, j’ai essayé de perfectionner mes talents de guitariste et cet instrument est devenu mon “dada”, même si je continue mes recherches avec les autres instruments, particulièrement avec ceux de la musique traditionnelle, car je pense que l’immense gisement que nous avons dans ce domaine est encore sous-exploité.

Quels sont les satisfactions que vous avez eues en tout,
tout au long de votre jeune carrière ?

Au niveau du Burkina, j’ai eu à remporter plusieurs prix. Mon groupe le “ Benda Band “ a été sacré Meilleur orchestre à la première édition des Grands Prix de la Musique. J’étais d’autant plus satisfait que je pense que nous avons été les précurseurs de la musique originale burkinabè dans laquelle on associe les percussions burkinabè aux instruments modernes et notre exemple a, depuis, fait tache d’huile au niveau de la jeune génération de musiciens burkinabè.

J’ai bénéficié d’une bourse de stage en Belgique à l’issue de la Semaine nationale de la Culture (SNC) de 1998 en remportant le prix du Meilleur instrumentaliste. Le stage a duré 6 semaines et j’ai profité de mon séjour pour mener des contacts et donner des cours de musique africaine aux Européens qui le désiraient.

J’ai également remporté le 2e prix (catégorie vedette) du Grand Prix de la musique moderne en 1998. Avec Tamaye (le groupe de mon père), j’ai remporté le 1er prix de la SNC en 1996 et 1998.

Pouvez-vous nous parler de votre discographie ?

J’ai participé à la “compil” Les Etoiles du Burkina avec deux œuvres primées.

J’ai aussi été associé à la composition du dernier album de mon père, L’Empereur Bissongo, intitulé “Paramanga”. Je précise que je suis l’arrangeur de mon père et de son orchestre le “Tamayé”.

Quand je suis allé en Belgique, en novembre 2000, j’ai enregistré un CD qui ne tardera pas à arriver sur le marché burkinabè. Il comporte 12 titres et a été enregistré dans des conditions impeccables. J’espère qu’il plaira au public burkinabè et me permettra de mieux me faire connaître.

Quelles sont vos sources d’inspiration
et dans quel créneau musical vous situez-vous ?

L’inspiration me vient en tout temps et en tout lieu. Je peux vous dire que, même le son d’une cloche ou le bruit d’une pièce de monnaie peuvent être sources d’inspiration. Il y a des moments où rien ne m’inspire, alors qu’à d’autres, l’inspiration vient comme une “pluie”. En résumé, pour moi, la musique est universelle et le paysage musical est tellement vaste que tout peut être source d’inspiration.

Pour ce qui concerne mon “créneau”, je dois dire que pour le moment, je ne suis pas encore au top et suis toujours en phase de recherche de ma musique. Mes textes parlent des problèmes de tous les jours. Ceux qui m’écoutent pensent que je fais de la world musique ou de l’afro jazz, voire de l’afro fusion, mais moi je résume tout cela à la musique. Je me base sur la musique traditionnelle du Burkina, notamment le “Tanchara”, le “Warba”, le “Wiré”, etc. Après, je fais le mélange avec la musique d’ailleurs et vous avez le “produit” Bebey.

Quels sont, d’après vous, les freins à l’épanouissement
des artistes musiciens burkinabè ?

Je pense qu’au niveau de notre pays, le principal problème des artistes se trouve dans la désaffection du public vis-à-vis de la culture burkinabè. Je dis cela parce que lors des tournées que j’ai eu à effectuer au Niger, au Mali et au Sénégal, j’ai constaté un engouement certains des populations pour leurs artistes qu’elles applaudissaient alors même que certains jouaient sur de fausses notes.

Ce sont donc des gens qui sont “dans” leur musique, qui la vivent et j’ai même été “hué” au Niger parce que j’interprétais une chanson de Phil Collins. C’est ce soutien populaire qui nous manque et que je mets sur le compte de la frustration et du complexe. Nous souffrons plus de l’acculturation de notre public que de l’indigence de notre musique. Le danger est d’autant plus grand que les générations futures n’auront pas de repères dans ce domaine, elles qui sont “nourries” de N’dombolo et autres hip-hop. Il y a aussi qu’au sein des musiciens, le courant ne passe pas bien et les peaux de bananes sont fréquentes.

Il y a, d’autre part, la querelle inutile entre jeune et vieille génération qui contribue à freiner l’élan de notre musique. Nos syndicats également paraissent amorphes dans la défense de nos intérêts et c’est chacun pour soi. Il serait enfin souhaitable que les maisons de production d’artistes soient nombreuses au Burkina pour dynamiser ce secteur important pour nous les artistes.

Quels sont vos projets dans l’immédiat et dans le long terme ?

Je prépare actuellement une tournée en Europe prévue pour commencer en juin 2001. Je dois donner un concert à Spa en Belgique, puis participer à plusieurs festivals, comme “Couleur café”, “Montreux-jazz festival”, etc. Ce sont des scènes sur lesquelles je suis à l’aise car les gens apprécient beaucoup ma musique et je contribue à faire connaître mon pays.

Quant à mes projets au Burkina et indépendamment du lancement prochain de ma cassette, je dois dire qu’ils sont “stationnaires” car, en dehors du Centre culturel français qui me relance pour des concerts, je n’ai pas été contacté par un promoteur de spectacles.

Bien sûr, j’ai eu à participer au Festival jazz à Ouaga où j’ai joué en clôture avec Ali Farka Touré, mais, depuis, mon travail est essentiellement axé sur ma tournée européenne. Dans le long terme, je voudrais m’affirmer sur la scène internationale, faire connaître la musique burkinabè et ensuite revenir au pays pour mettre mon expérience au service des plus jeunes. Tout en remerciant L’Opinion, pour cette interview, j’aimerais insister, enfin que les gens soient plus ouverts à la musique burkinabè, l’encouragent, l’aiment et, par delà elle, aiment leur culture. Alors vous verrez que les musiciens burkinabè peuvent faire de belles choses, et la musique burkinabè sera citée en référence.

annuaire -- Hit-Parade -- Positionnement et Statistiques Gratuites