Les excellents résultats obtenus par Nicolas Sarkozy lors du premier tour de l'élection présidentielle française n'ont pas découragé les ardeurs des féticheurs et autres marabouts d'Afrique francophone, qui à l'abri des regards indiscrets, sont à l'oeuvre pour neutraliser toutes ses chances d'accéder à la fonction suprême. Bien au contraire
Déjà l'année dernière, avant l'arrivée du ministre français de l'intérieur pour une visite officielle au Bénin et au Mali
un appel à tous les féticheurs, marabouts, sorciers d'Afrique
avait été lancé, y compris sur Internet, pour neutraliser l'ennemi
et préparer sa défaite et son bannissement de la vie politique
C'est qu'en Afrique l'immigration choisie telle que définie par Nicolas Sarkosy a suscité beaucoup de réactions. On lui reproche de s'acharner contre les africains, en faisant fi de tout ce que ce continent a apporté et continue de donner à la France.
On rappelle aussi volontiers que Sarkosy est lui-même le fils d'un immigré venu de Hongrie, pays dont la France n'a jamais tiré profit ni par le passé ni aujourd'hui, contrairement à l'Afrique.
Dis-moi, Nicolas Sarkosy,
pourquoi ton père a fui la Hongrie ?
dit ainsi le refrain de la désopilante chanson
- Un Hongrois chez les Gaulois - du chanteur burkinabé Zedess,
qui fait actuellement un véritable tabac dans la région.
La mobilisation des féticheurs contre Sarkozy renvoie à une longue tradition bien connue en Afrique francophone. Dans les rédactions d'Abidjan, on se souvient aujourd'hui encore de ce voyage effectué par Jacques Chirac en Côte d'Ivoire peu de temps avant sa première élection à la présidence - alors que tout le monde le donnait perdant - et de sa mystérieuse rencontre avec une sorcière baoulé qui lui avait prédit la victoire.
Le Canard enchaîné s'en était fait l'écho, avec force ricanements. Juste après son élection, Jacques Chirac avait d'ailleurs réservé son premier voyage officiel à l'Afrique, avec un arrêt remarqué à Yamoussoukro, au coeur du pays baoulé ...
Jusqu'au 6 mai prochain, prières et incantations diverses vont en tout cas continuer à aller bon train pour tenter de barrer coûte que coûte la route de l'Elysée à Nicolas Sarkosy.
J'espère de tout coeur que les sorciers africains parviendront à inverser la tendance pour mener Ségolène à l'Elysée, espère encore Marième Doumbia depuis Nouakchott, en Mauritanie, reflétant ainsi le choix de la majorité de la population.
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article de presse paru sur Le Matin - 29/04/2007
par Catherine Morand - Journaliste
Photographies -- ZéBu Productions -- Mise en Page